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La santé mentale des professionnels de l’accompagnement : prendre soin de ceux qui prennent soin


En tant que professionnels de l’insertion et de l’accompagnement socio-éducatif, nous avons choisi de consacrer notre énergie, notre empathie et parfois même une partie de notre propre bien-être, à accompagner les autres.


C’est un choix noble, mais soyons honnêtes : c’est aussi un choix qui peut peser lourd sur nos épaules. Quand on passe ses journées à écouter, comprendre et soutenir, la question se pose : qui prend soin de nous ?


Si vous avez déjà ressenti cette petite pointe de fatigue mentale en fin de journée, ou si vous vous êtes surpris à penser aux situations de vos bénéficiaires même après avoir quitté le bureau, cet article est pour vous. Nous allons parler de santé mentale, de prévention de la charge mentale, d’accueil des émotions, de risque de transfert, et de cet effet miroir redoutable qui peut parfois nous jouer des tours.


La charge mentale : quand écouter devient épuisant


Vous connaissez cette sensation d’avoir la tête pleine à craquer après une journée d’accompagnement ? Ce moment où, une fois chez vous, vous n’avez même plus l’énergie de choisir quoi regarder sur Netflix ? C’est la charge mentale, cette amie envahissante qui nous rappelle que notre cerveau n’est pas un disque dur à capacité illimitée.


La charge mentale, c’est ce poids invisible qui s’accumule quand on doit jongler avec les besoins des bénéficiaires, les obligations administratives, les imprévus, et parfois, notre propre vie personnelle. C’est ce qui arrive quand on donne sans compter, mais qu’on oublie de recharger ses propres batteries.


La solution ? Prévenir plutôt que guérir. Il est essentiel d’identifier les signes avant-coureurs de la surcharge mentale : fatigue persistante, irritabilité, difficultés de concentration. Et surtout, de prendre du temps pour soi. Un café en terrasse, une séance de sport, ou même une bonne vieille sieste : tout est bon pour relâcher la pression.



L’accueil des émotions : Le grand écart du cœur


Dans notre métier, les émotions sont partout. Celles des autres, bien sûr, mais aussi les nôtres. Écouter un bénéficiaire en détresse, c’est parfois comme faire un grand écart : d’un côté, on veut être empathique, présent, compréhensif ; de l’autre, on doit rester professionnel, ne pas se laisser déborder.


Accueillir les émotions, c’est accepter de les entendre, sans les laisser nous envahir. C’est reconnaître la tristesse, la colère ou l’angoisse de l’autre, sans pour autant les faire nôtres. Facile à dire, moins facile à faire. Mais c’est crucial pour ne pas se laisser submerger.


Un petit truc : lorsque les émotions de l’autre deviennent trop intenses, rappelez-vous que vous n’êtes pas là pour les résoudre, mais pour les accompagner. Prenez une grande inspiration, recentrez-vous, et offrez ce que vous pouvez, sans culpabiliser si vous ne pouvez pas tout régler.



Le risque de transfert : quand les limites s’estompent


Ah, le fameux transfert ! Ce phénomène psychologique où les émotions et les attentes de la personne que l’on accompagne se reportent sur nous. C’est parfois flatteur : on devient le confident, la personne de confiance. Mais c’est aussi dangereux : on risque de s’impliquer trop personnellement, de perdre cette distance nécessaire à l’efficacité de notre travail.


Le transfert peut aussi aller dans l’autre sens, lorsqu’on commence à projeter nos propres émotions sur la personne que l’on accompagne.


C’est l’effet miroir : on voit en l’autre nos propres blessures, nos propres fragilités. Et là, ça devient compliqué, car on peut se retrouver à traiter nos propres problèmes à travers l’accompagnement de l’autre.


La clé ? Poser des limites claires. Se rappeler que nous sommes des professionnels, pas des sauveurs. Et parfois, savoir dire stop, faire un pas en arrière, et, pourquoi pas, demander à un collègue de prendre le relais si la situation devient trop personnelle.



L’importance de prendre soin de Soi


Au final, prendre soin de sa santé mentale, c’est un peu comme mettre son masque à oxygène dans l’avion avant d’aider les autres. Si vous ne vous occupez pas de vous, comment pouvez-vous être efficace pour ceux que vous accompagnez ?


Il est crucial de se créer des moments de décompression, de trouver des activités qui vous ressourcent, et surtout, de ne pas culpabiliser à l’idée de prendre du temps pour vous. Cela peut être aussi simple qu’une promenade en pleine nature, une séance de méditation, ou un moment de partage avec des collègues pour débriefer des situations difficiles.


Et n’oublions pas : l’humour est un excellent remède. Parfois, il suffit de pouvoir rire des situations, de soi-même, et de la complexité de notre métier pour retrouver un peu de légèreté.


Témoignage personnel : l’équilibre est une question de pratique


Je me souviens de mes premières années dans ce métier. J’étais enthousiaste, prêt à tout donner pour aider les autres. Mais très vite, j’ai compris que cette générosité avait un prix : l’épuisement. J’ai appris, parfois à mes dépens, qu’il fallait savoir poser des limites, prendre du recul, et surtout, ne pas oublier que ma santé mentale était aussi importante que celle des bénéficiaires.


Des formations peuvent aider. Personnellement c’est l’approche systémique de Palo Alto qui m’a challengé au travers de la formation du centre À 180 Degrés, fondé par Emmanuelle PIQUET. Outre le fait que la fondatrice est une personne en or et tellement drôle et abordable, c’est surtout dans l’approche global du système de pensée et du changement de vision / posture que j’ai transformé mes pratiques.


Aujourd’hui, j’essaie d’appliquer ces principes au quotidien et de les transmettre aux équipes avec qui j’ai la chance de collaborer. Ce n’est pas toujours facile, mais c’est nécessaire.


Parce qu’au fond, prendre soin de soi, c’est aussi prendre soin des autres.



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